Reliquaires de la Biodiversité

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La visite virtuelle

NIVEAU 1 : Tableaux avec des papillons brodés de perles : PLEBICULA AZURA – CLOSSINIA AURIANA VAR.

  • PLEBICULA AZURA Butterflies, fantasy species, paper art with perlage and embroidery.

Des espèces de papillons inconnues, datées et montées comme dans une ancienne collection d’histoire naturelle. Apparemment, les spécimens ont été capturés en 2019 dans le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord. Il n’existe aucune trace scientifique, mais des traces d’ADN prouvent que les insectes ont été brodés ultérieurement par l’homme.

Il n’est pas certain que ces sanctuaires soient issus d’un ancien culte des papillons, qui pourrait être apparu à l’époque de la grande extinction des insectes. Il est également possible qu’ils aient fait partie de rites funéraires et commémoratifs en raison de leur association avec la technique du perlage. Au XIXe siècle, en France, on fabriquait souvent des couronnes précieuses en perlage, fidèles à la nature.

NIVEAU 1: Du pain, du vin et du boursin: SANCTUAIRE DE CERES

  • Shrine of Ceres with an embroidered ear of grain on blue fabric and a real one on golden fabric. Decorated with folklore braids and shows traditional Ukrainian embroidery patterns with tree-of-life symbols.

Cérès était la déesse romaine de l’agriculture, des céréales et des récoltes, associée dans le culte aux rites du mariage et de la mort. Un épi de blé brodé et un épi de blé véritable sont ici au centre de la vénération. Ce dernier a été daté de 2023, l’origine du sanctuaire n’est pas claire. Selon la tradition, Boursin devait être un produit de graissage sans soja. Il s’agissait du premier slogan publicitaire français pour des produits alimentaires à la télévision analogique, aujourd’hui disparue.

Les tableaux numériques de l’époque montrent que les céréales jouaient alors un rôle central dans l’alimentation mondiale. On n’utilisait pas encore, par exemple, pour la fabrication du pain, de la cellulose extraite de vieux papiers ou des produits à base d’algues comme aujourd’hui.

Dans certaines tablettes anciennes, le mot „sécurité alimentaire“ apparaît à plusieurs reprises. Il pourrait donc s’agir d’un sanctuaire d’incantation. Les couleurs et les peintures pourraient être un indice. Ces dernières ont été identifiées comme des motifs de broderie traditionnels ukrainiens. En 2022 et 2023, le brutal belliciste Put.in avait tenté à plusieurs reprises d’extorquer les affamés de la planète en bloquant les transports, avant d’être envoyé en exil perpétuel sur Mars avec d’autres bellicistes et dictateurs du monde. Cette loi de la Fédération des Régions Mondiales Unies a permis d’assurer la paix dans le monde en quelques années. Depuis que le propriétaire des transports d’expulsion sur Mars s’est ensuite livré à une guerre avec les exilés pour le profit, toutes les lignes aériennes de retour ont été coupées.

Les céréales ont toutefois été mises sous pression à l’époque en raison du changement climatique. Des chaleurs extrêmes plus fréquentes et surtout la sécheresse en hiver et en été ont mis les plantes à rude épreuve. Au début des années 2030, des chercheurs africains sont parvenus à créer une variété de céréales plus résistante au climat, mais le pain composé d’autres ingrédients était devenu moins cher.


NIVEAU 2: PAPILLON CIDARIA LAVANDULA

  • Cidaria lavandula: Fantasy paper art butterfly in rose and purple with embroidery and perlage.

Le spécimen rarissime a été capturé en 2019 dans le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord. Il est prouvé qu’il s’agit de l’un des premiers papillons à avoir déposé ses œufs dans des collections de perles et à s’être nourri de fil à broder. Leur rôle de pollinisateur des restes de fil était si important qu’on a tenté de les reproduire à grande échelle. Mais dès 2020, une mutation a eu un impact mondial : les insectes sont retournés à la nature.

NIVEAU 2: ODE AU BOIS MORT, LIVRE D’UNE FÉE, Parc Naturel Régional des Vosges du Nord.

  • Our archaeologists found the fairy book hanging in one of the last Alsatian barns. It is made of the wood of clematis vines, embroidered with strange red signs and objects.

L’un des rares livres de fées authentiques encore conservés dans le monde.

Des scientifiques de l’association universitaire Oslo-Cotswolds ont pu démontrer que les signes textiles étranges sur d’anciennes lianes de clématite représentent une écriture de fée. Grâce aux professeurs Smilla Lichen et John Mosstodon, lauréats du prix Nobel, cette pièce rare a été déchiffrée. Elle raconte comment la fée Clematica est descendue d’un érable géant pour apporter des cadeaux pour le bois mort. Les chants des champignons arboricoles, des mousses et des lichens sont consignés dans la pièce.

Le titre semble donc avoir été ajouté plus tard par des personnes qui ne savaient pas que le bois mort regorgeait de vie et permettait la vie. La suspension inscrite en bois de tilleul a probablement été ajoutée lorsque le livre des fées a été catalogué pour être archivé. Les humains ne savaient pas encore à cette époque que les fées ne suspendaient jamais leurs livres, mais les plaçaient sous l’oreiller.

NIVEAU 2: BÂTON DE SUPPLICATIONMOUSSES ET LICHENS SUR ÉCORCE DE CHÊNE

  • Embroidered moss and mixed media lichen mounted on the outer bark of a nearly 200-years-old oak.

Clairement créé par l’homme, cet ensemble de mousses et de lichen a été appliqué sur de l’écorce de chêne. Il a été brodé au point de nœud français vers 2023, mais contient également des éléments en fibres de soie, textile, papier et perles de verre.

Une note manuscrite délavée a été retrouvée dans les archives. Il indique comme lieu de découverte le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord. On y lit également:

„En raison de la sécheresse constante, même en hiver, même les chênes âgés de près de 200 ans n’atteignent plus l’eau. Le chêne dont provient cette couche supérieure d’écorce a été abattu avant de tomber malade“.

L’objet exposé est probablement un „bâton de supplication“, comme on en fabriquait beaucoup à l’époque. Les personnes qui ne voulaient pas désespérer de l’indifférence face au changement climatique et à l’extinction des espèces fabriquaient des bâtons de supplication et les faisaient circuler en cercle lors d’un rituel. Celui ou celle qui tenait le bâton racontait ce qu’il ou elle faisait pour préserver la biodiversité. Les participants espéraient ainsi transmettre des idées et des solutions aux autres. Selon la tradition, il y avait également des réunions où tout le monde apportait un bâton de supplication et demandait pardon aux êtres vivants de la terre.

NIVEAU 2: ADORATION EN TURQUOIS

  • Jordanita subsolana butterfly with a turquoise piece of treasure in a round shrine. The shrine is decorated with braid and floral perlage. The colours are mostly orange and turquoise shades.
  • View of the outside of the shrine. It is covered with orange silk and surrounded with floral perlage in orange and green.

Dans ce reliquaire rond se trouve une Turquoise de la Cardoncelle, Jordanita subsolana, avec un mystérieux trésor reliquaire de même couleur.

Cette pièce décorative turquoise, ornée d’un crochet en or et de perles de Picasso (provenant d’une manufacture), s’est révélée être, après une analyse plus approfondie, un déchet plastique fondu avec du ciment. L’objet coïncide avec des échantillons de sol provenant d’une ancienne décharge sauvage au bord d’un ruisseau à Oberkutzenhausen. Avant que quelqu’un n’y brûle des déchets, cela aurait été un habitat idéal pour l’unique et rare plante nourricière du papillon.

Ce papillon, autrefois originaire d’Alsace, a été décrit pour la première fois par Staudinger en 1862 et observé pour la dernière fois en 1934 dans le Haut Rhin. On trouvait encore l’espèce à l’époque de la création du reliquaire dans l’est et le sud de la France, notamment dans les Alpes. Mais il partageait le problème de nombreuses espèces animales : il dépend d’une seule espèce végétale. Ici, il s’agit du cirse laineux (Cirsium eriophorum).

Cette plante à la corbeille sphérique épaisse et aux fleurs roses était autrefois préparée comme l’artichaut et aurait pu devenir une plante de jardin. Mais au début du 20e siècle, on ne mentionnait plus que de petites populations à l’ouest et au sud-ouest de Saverne.

Ce qui frappe, c’est le revêtement filé de l’une des ailes du papillon. Elle est fabriquée à la main à partir de soie brute contenant de la séricine. Apparemment, la séricine n’était pas utilisée à l’époque uniquement à des fins industrielles en médecine et en cosmétique. Les hommes en retiraient des vers à soie. Les chenilles de ces papillons tissent leurs cocons avec des fils de soie. Les protéines de séricine enveloppent les fibres de soie et assurent leur cohésion en jouant le rôle de „colle“.

NIVEAU 2: Cucujus cinnaberinus Beetle

  • A precious shrine in the form of a Gothic church window. A realistic paper art beetle sits in a recess. The sides of the shrine are trimmed with precious borders, and the shrine itself is covered with floral machine embroidery on green georgette.

L’extraordinaire sanctuaire pour un Cucujus vermillon (Cucujus cinnaberinus) est une trouvaille rare de notre collection, car il raconte une fin heureuse en Alsace. Le coléoptère d’art en papier, fidèle à la nature, est assis, comme on a pu l’analyser, dans un reliquaire de déchets de civilisation de l’époque. Un carton de livraison d’une entreprise aujourd’hui inconnue du nom d’Amazon, recouvert dans le creux d’un vieux dictionnaire, a été blanchi et somptueusement décoré. Les éléments floraux brodés à la machine sont des restes de déchets de machines de la production de sari.

Difficile à imaginer aujourd’hui, mais à l’époque, les livraisons et la fast fashion faisaient exploser les déchets. Il est presque touchant de voir comment les gens de l’époque essayaient de créer de minuscules beautés à partir de tonnes de matériaux gaspillés.

Le Cucujus vermillon a d’abord été protégé dans toute l’Europe. Considéré comme une relique des anciennes forêts primaires, il avait disparu de toute la France. Il se sentait bien dans les forêts proches de l’état naturel et y remplissait un rôle important dans la décomposition du bois mort en humus. Ses larves vivent principalement sous l’écorce des feuillus morts et se nourrissent non seulement de l’écorce décomposée, mais aussi et surtout d’organismes microscopiques. La survie de ces coléoptères importants sur le plan écologique était devenue difficile lorsque l’on a retiré de plus en plus de bois mort des forêts et que l’on a rendu les jardins de plus en plus stériles.

Le miracle est venu d’un développement inattendu. En 2014, le coléoptère est soudainement réapparu pour la première fois en France – dans le Bas Rhin en Alsace : il avait trouvé une nouvelle source de nourriture ! En Alsace, on avait créé des peupleraies à croissance rapide. Lorsqu’il restait du bois mort dans certaines d’entre elles, le prodige s’est produit : les coléoptères ont colonisé les peupleraies dépérissantes et les ripisylves. Vers l’époque de la création du sanctuaire, les hommes ont reconnu l’importance écologique du bois mort et ont cessé de détruire ces habitats importants et les lieux de formation d’un humus précieux. En ce sens, le sanctuaire est un hymne à ce qu’il est possible de faire en changeant de mentalité.


NIVEAU 3: SIMPLEMENT FUMÉ. Les sanctuaires en boîtes de cigarettes.

  • Vintage cigarette tin box. An irritating combination of an emerald-green object and a very old photo of an animal looking like a sea slug.

Dans les années 2020, les cigarettes étaient encore des tubes en papier que l’on bourrait de miettes de tabac. On les allumait et on s’en décorait le visage. Un petit rituel peut-être magique, car la décoration brûlait moins longtemps qu’un sapin de Noël. Il est probable que ces sanctuaires fassent allusion à la brièveté du temps.

Sanctuaire 1 : „L’émeraude“. La signification du premier sanctuaire n’a pas pu être entièrement élucidée. Il y a un objet d’apparence précieuse qui ressemble à un oiseau assis, la tête posée sur son dos. Le texte en allemand qui se trouve en dessous raconte l’extinction des pigeons migrateurs (Ectopistes migratorius), qui faisaient autrefois partie des espèces animales les plus courantes de la planète. Ils ont été décimés par une chasse excessive, le dernier est mort en captivité en 1914. Le papier ancien dans le couvercle montre une créature marine inconnue.

Un examen minutieux de l’émeraude a révélé qu’elle était composée de plastique fondu. La détection des molécules situe l’objet dans une décharge sauvage illégale près d’un ruisseau à Oberkutzenhausen. Une fine bouteille en plastique dans le sol met environ 450 ans à se décomposer, mais les toxines et les microplastiques ont une durée de vie presque infinie. Le plastique fondu en de tels morceaux ne se décompose presque pas. Selon une étude, les habitants des campagnes le faisaient autrefois délibérément pour créer un sol stérile et infertile chez les voisins hostiles. Cette étude est toutefois très controversée.

Sanctuaire 2 : Papillon sur tapisserie. Un Cuivré des marais de la sous-espèce Lycaena dispar dispar est posé sur une structure en fil de fer qui semble verdir sous l’effet d’un perlage vert émeraude. En arrière-plan, une tapisserie. Le couvercle intérieur est également magnifiquement décoré, avec des fleurs brodées à la machine en soie sur du papier à cigarettes vintage doré.

Au moment de la fabrication du sanctuaire, cette sous-espèce d’azuré avait déjà disparu en Alsace, l’espèce elle-même disparaissant en raison de la destruction de son habitat : les marais et les prairies humides. Le papillon était donc non seulement sur la liste rouge en France et dans d’autres pays, mais aussi strictement protégé.

Le fil de fer, qui a pu être localisé dans la même décharge sauvage que dans le sanctuaire 1, pourrait indiquer le désespoir croissant des hommes de l’époque. Même la broderie florale est un déchet, il s’agit de déchets de machines utilisées pour la fabrication de saris en Inde. La magie n’a pas aidé le papillon, les zones humides ont été détruites dans les années qui ont suivi.

Sanctuaire 3 : Le scarabée des roses. Le scarabée rose aux motifs charmants, entre un perlage de myosotis et un ancien papier de manuel scolaire, a également disparu. Les coléoptères avec des motifs floraux sur les ailes doivent avoir vécu de manière très limitée dans la région et dans le temps, on ne trouve pas d’autre exemplaire dans les musées de la planète. C’est d’autant plus étonnant que la plante nourricière a pu survivre.

Pour le service de restauration, il n’a pas été facile de reconstituer les techniques de perlage antiques et de reproduire les minuscules fleurs sur du velours. On a cependant trouvé des parallèles avec les couronnes funéraires en perles de verre, telles qu’elles étaient répandues en France au 19e siècle et que l’on trouvait également en Alsace.

NIVEAU 3: COLLAGE Quand les grenouilles rêvent, les lichens sourient.

  • A collage in green, white and orange tones with natural finds.

Dans les années 2020, de plus en plus de personnes ont commencé à parler aux plantes et aux animaux. Les scientifiques* ont découvert l’intelligence et les capacités d’êtres vivants dont on n’aurait jamais cru qu’ils en seraient capables au siècle précédent. Les relations écologiques ont été réexaminées. Des artistes ont enregistré des conversations de petits êtres vivants. Les gens s’asseyaient, fascinés, dans les prairies fleuries. Des enfants riaient dans la forêt avec des mousses en boule et des fourmis bavardes.

Il existait de nombreux sanctuaires de ce type. Les gens y enregistraient leurs expériences dans la nature, préservaient les couleurs, les sons et les conversations.

NIVEAU 3: COLLAGE: README.TREE.txt

  • Yellow collage with papers, nature finds and copper elements.

A peu près au moment où les humains créaient de grands modèles de langage avec l’intelligence artificielle, l’un des systèmes d’un centre de données à Strasbourg est devenu autonome. Il a fusionné des disques durs d’ordinateur plus anciens avec des disques papier encore plus anciens. Le processus de fusion lui-même n’a pas encore pu être découvert. Mais il est certain que l’intelligence artificielle s’est connectée aux parties en cuivre de ces disques et a laissé ses instructions de programme dans l’écorce des arbres. Deux ans plus tard, c’était fini : l’IA avait appris que les arbres étaient nettement supérieurs à elle en matière de communication. Ils y ont injecté leurs connaissances. Cette pièce est un rare artefact de merisier.

NIVEAU 3: SANCTUAIRES POUR L’ÂME

  • Sanctuary with a mixed media collage showing a drawing of a strawberry plant.

Dans les années 2020, des sanctuaires en boîtes de fromage apparaissent soudainement. Collages simples, ils semblent avoir été fabriqués par de mangeurs de fromage. Il est possible que ce plat disparu contenait une enzyme qui stimulait la vision des couleurs et la créativité. Il est frappant de constater que ces sanctuaires combinent des petits objets du quotidien et des plantes d’une manière qui était considérée comme belle à l’époque.

Il n’est pas exclu qu’il s’agisse de charmes de guérison contre ce que l’on appelait Eco-Grief.

Le petit sanctuaire avec le Solitaire (Colias Palaeno) indique un lien avec des sanctuaires comme „Adoration en turquoise“ (voir ci-dessus). Il a partagé le sort de nombreuses espèces hautement spécialisées. Sa plante nourricière, la Myrtille des marais (Vaccinium uliginosum), s’est raréfiée avec le recul des tourbières, importantes pour lui. Autrefois très répandu dans l’est de la France, le papillon s’est éteint dans les Ardennes dès les années 1950. Là et dans le Jura, tous les projets de réintroduction ont échoué. Au moment de la création du sanctuaire, il n’existait probablement plus dans les Vosges et n’était plus que sporadique dans le Jura. Il était alors protégé.

Il est donc possible que les anciens sanctuaires de guérison aient évolué dans une direction qui a incité les gens à lutter pour des espèces rares de plantes, d’animaux et de fonges. Des sanctuaires aux couleurs vives pourraient avoir été transportés comme objets dans des cortèges de démonstration. Ils étaient peut-être aussi considérés comme des talismans pour la future „révolution pour la biodiversité“.